Comment utiliser la pratique du yoga pour se rapprocher du lâcher prise ?
Pour répondre à cette question, j'aimerais vous raconter l'histoire de l'Ange. Une histoire qui nous en dit long sur la manière dont nous devons nous comporter dans un cours de yoga mais également quelle attitude adopter dans nos quotidiens respectifs pour cesser d'être constemment influencé par les évènements à caractère positifs ou négatifs.
Histoire de l'Ange :
"Maître, je vous le dis tout net. Je n’ai pas fait tout ce chemin pour vous servir de domestique. Si il faut le faire, je suis d’accord. Mais en retour, je vous en prie, instruisez moi. Je veux savoir. "
-"Allons travaille, mon garçon. Balaie le seuil, coupe le bois."
-"J’aimerais un jour parvenir à être plus savant que vous. Imaginez que j’y parvienne. Serez-vous jaloux dites-moi ? "
- "Il faut aussi traire la chèvre. Avons nous encore assez d’eau ? Vous ne m’estimez pas capable, parlez franchement c’est cela ?"
L’ermite s’assied sur un roc, à l’ombre bleu de l’olivier, devant sa maison de cailloux. Son regard s’éclaire. Il est bien. Il soupire : "Quel temps superbe !"
Son disciple :
- "Oui il fait beau. Mais moi mon maître, mon désir est de percevoir ce que cachent les apparences. On dit que vous voyez les anges. Pensez-vous que je puisse, un jour ? "
- "Ce soir, si tu veux mon garçon."
Le jeune homme en reste pantois. Sa bouche s’ouvre, ses mains tremblent. C’est inespéré. Ses yeux rient. Ils court soudain à ses travaux, fend plus de bûches qu’il n’en faut, fait un ménage de grand jour, va puiser trop d’eau, tourne, vire. Voici la nuit. Dîner de fruits, dehors, devant le feu fringuant.
Le maître :
-"Goûte ses poires, elles sont parfaites, dit l’ermite. Il faut les manger, elles seront trop mûres demain."
-"Je n’ai pas faim. Et l’ange dites ?"
- " Il arrive. Tiens le voici."
Face au jeune homme, tout soudain, s’assoit un énorme démon, cornu, velu, puant la crasse, tête de bouc, cros de serpent, corps de gorille, queue de rat. Le garçon bondit en arrière, court s’enfermer dans la maison. Il veut prier, il ne peut pas, il a trop peur, il geint, grelotte. Pas un bruit pourtant, sauf la brise qui murmure dans l’olivier. Il ose entrebâiller la porte. Il risque un œil. L’ermite est seul. Il finît son dîner tranquille. L’épouvanté sort prudemment.
Le disciple :
- "Il est parti ? "
-"Qui donc ?"
-"Le diable"
C’était un ange, un vrai, tout beau mais ton regard l’a déguisé. Impatience, sottise, crasse, avidité, désirs fumeux, tu avais pour cela mon fils, tous les vêtements qu’il fallait.
"Tu veux savoir ? Vide ta tête. Tu veux te trouver ? Oublie-toi. Demain matin tu changeras les trois tuiles brisées du toit. "
Morale de l"histoire : L'agitation mentale du disciple emplit de "crasse" l'amène à se perdre dans les méandres de son imagination et de ses émotions. Lorsqu'il rencontre l'ange, il fait une grosse erreur de discernement à cause d'un mental trop agité. Le dialogue entre la maître et le disciple nous montre clairement d'un côté le centrage et le calme du maître, d'un autre côté l'agitation du disciple qui sans cesse se pose des questions, veut savoir, parle beaucoup...Beaucoup trop ...Il faut savoir faire silence pour discerner justement ce qu'il se passe en nous, autour de nous et dans nos quotidiens... Le maître possède la connaissance, le disciple se doit d'écouter le maître qui connaît les étapes menant au silence intérieur. Lorsque le maître renvois sans cesse le disciple à ses tâches quotidiennes c'est un peu comme si il le ramenait sans cesse à sa discipline.
Sans discipline, il n' y a pas d'évolution possible...La discipline doit aussi s'entreprendre avec justesse et conscience. Dans l'histoire qui précède on voit bien que le disciple coupe trop de bûches, ramène trop d'eau car il est envahit par l'excitation de rencontrer l'ange. Sa pratique est donc vaine puisque sans conscience.
En pratique : Dans la discipline du hatha-yoga lorsque l'on utilise des postures (asanas) et des techniques de souffle (pranayamas); nous nous devons d'aborder les pratiques avec une attitude juste. Cette attitude passe par le lâcher prise, la cessation du dialogue intérieur et l'oubli de soi pour entrer dans l'infinitude de la forme qui nous est proposée d'expérimenter.